Interview d'un ancien de l'Icart, maintenant professionnel dans les metiers de la culture.

Publié le par Icart 2

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Catherine Sergent est professeur de Politique Culturelle à Icart. Cette ancienne élève d'Icart travaille en paralelle dans la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) en banlieu parisienne. Elle se prête aujourd'hui au jeu des questions/réponses...

 






Tout d'abord, pourriez vous nous expliquer de façon détaillée en quoi consiste votre metier, en dehors de votre rôle de professeur de politique culturel à Icart ?


Aujourd'hui je dirige une Maison des Jeunes et de la Culture

En lien avec le Conseil d'Administration les les élus municipaux, j'ai pour principales missions :
- Administration, gestion et management de l'ensemble du personnel et des Services Généraux (compta, paye, encadrement, gestion du personnel,...)
- Elaboration, mise en place et suivi du budget. Gestion financière

- Création, organisation et suivi des activités, des spectacles et des manifestations diverses de la MJC.

- Recherche de financement

- Relations avec les partenaires locaux

- Relations avec les institutionnels

Bref, je suis responsable de la bonne marche de l'établissement dont j'assure la gestion administrative et financière. Je suis l'ordonnatrice des dépenses. Je représente l'établissement en justice et dans tous les actes de la vie civile et j'assure la préparation et coordonne la mise en œuvre des délibérations du conseil d'administration de l'établissement.


Lorsque vous étiez étudiante, Icart ne proposait pas encore l'option Mediation Culturelle comme aujourd'hui. Est ce que cela signifie que les connaissances nécessaire au Marcher de l'Art sont liées à celles nécessaire en Mediation Culturelle ?


L'Icart ne proposait pas l'option et aucune école ne le faisait. Certaines matières sont communes aux deux options comme la gestion, l'anglais ou le droit. Par ailleurs, en ce qui me concerne, cela me permettait de découvrir les arts plastiques, domaine que je ne connaissais absolument pas, car mon premier métier est musicienne.


Pourriez vous nous citer deux qualités, ainsi que deux defauts qu'il est, selon vous, utile de posseder pour travailler dans le milieu du spectacle vivant aujourd'hui ?


les qualités sont la disponibilité et l'écoute. Concernant les défauts je suppose que c'est ceux qu'il ne faut surtout pas avoir ! Et bien ce sont les mêmes !!! Et bien oui puisque généralement on a toujours les défauts de ses qualités et inversement. D'autres qualités sont utiles : la présentation, la tenacité, le sens du relationnel, le courage, le gout des défis. Il faut également supporter l'inconfort de beaucoup de situations avec la précarité des postes, l'irrégularité des horaires,...


Nous ne pouvons pas faire une interview sans parler du grand sujet du moment : La Crise.  Pour vous, la fréquentation du public sur les lieux de spectacles vivants a t-elle diminuée en raison du prix de place, où au contraire, s'est elle densifiée dans le but de " compenser moralement" les restrictions de la vie quotidienne ? En d'autres termes, le spectacle vivant est il un des domaines sur lesquels les français se restreignent ?


Je vais reprendre l'édito de la plaquette : « ... nous ne connaitrons qu’une seule crise... la crise de rire bien sûr!...». Et effectivement... on peut presque dire que la crise nous est bénéfique. Augmentation d'adhérents et augmentation de 30% pour la fréquentation du public aux concerts et spectacles divers constatée sur la saison dernière. Pour cette saison la tendance a l'air de se maintenir. Les gens ont besoin de sortir, de se changer les idées. Les sorties de proximité sont un bon moyen. Pour exemple, le cinéma a battu son record en 2009 avec 200 milions d'entrées en France !


Enfin, que conseilleriez vous à des jeunes qui aurait envie de se lancer dans l'organisation de festivals, en île de france ?


Je leur conseille de faire preuve de beaucoup d'imagination pour trouver un concept nouveau. Ce n'est pas du pessimisme car je pense sincèrement que nous allons avoir besoin de renouveau dans les propositions mais la France croule sous les Festivals ! Aujourd'hui les gens ne s'attachent plus à rien. C'est valable pour les choses du quotidien mais aussi pour la culture. Avant on reprisait ses chaussettes maintenant on les jette. Avant on prenait des abonnements au théâtre, aujourd'hui on vit au jour le jour et au fil des coups de coeur. Le public n'avale plus tout ce qu'on lui propose. Dans un abonnement il y a des choses qui n'interressent pas forcément les gens d'emblée mais c'est un pack donc ils vont tout voir et ça leur permet de découvrir des choses qu'ils vont aimer ou pas mais ils sauront pourquoi (ils aiment ou pas). Le non abonnement permet de choisir exactement tout ce que l'on fait et a le gros désavantage de ne plus obliger les gens à découvrir des oeuvres qu'ils n'ont pas envie de voir ou d'entendre.

Tout ça pour vous dire qu'aujourd'hui on est dans le concept. Organiser un festival de musiques actuelles ou de world music c'est facile. Il faut un bon programmateur, un bon attaché de presse, un bon chargé de communication mais ce n'est pas avec ça que le public viendra. Ce qui est important c'est l'emballage. Nous sommes dans une société marketing et malheureusement, à mon grand désespoir, l'art ne se suffit plus pour attirer le public. Il faut l'emballage, la bonne lumière, le bon accueil...

Pour prendre un exemple très commercial, voyez les magasins "monop". Ils ne vendent rien de plus qu'une autre grande surface. Tout est dans les emballages, la lumière un peu tamisée au lieu des néons, les présentations soignées et élégantes.

Et bien malheureusement les gens consomment également l'art et donc le reçoivent, le traitent de la même façon que leur sandwich du midi...

 

Propos receuillis par Déborah Raujol

 


Publié dans Interview

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